La face cachÉe des hanches.

Comme c’est le cas de beaucoup de sports de lancer, le swing est, à la fois, un geste d’une incroyable complexité biomécanique et d’une formidable simplicité apparente : une prise d'élan, puis un fouetté rapide suivi d'un relâchement. Sur cette base commune, chacune et chacun développe « son » swing avec plus ou moins d'efficacité et de réussite. C’est un peu comme faire des ricochets à la surface de l’eau. A chacun sa technique.

L’observation attentive de chaque swing montre d’ailleurs à quel point, effectivement, ce geste est intuitu personae. Cette appropriation personnelle du mouvement peut s’expliquer notamment par le fait que tout le monde n’a pas la même appréciation de son schéma corporel et encore moins de ses mouvements dans l’espace, surtout si le déplacement est rapide. Le swing est donc tout sauf un mouvement stéréotypé.

Un geste qui est éminemment personnel car il met en jeu, sur un temps court l’ensemble des parties du corps, des systèmes moteurs et mentaux qui l’animent et le contrôlent qui, par nature, sont propres à chacune et chacun.

Le rôle des hanches dans le swing

Cependant, quelques soient les « aménagements personnels » que l’on introduit pour   réaliser « son swing », la séquence reste cette base commune qui nécessite une chaîne logique de mouvements dans laquelle chaque maillon a un rôle essentiel.

Parmi ces rouages, il faut noter la place centrale qu’occupent les hanches.

Hip
Hips vs eias

Ne pas confondre les termes.

Pour comprendre et apprécier le rôle et l’importance des hanches dans le swing, il faut bien s’entendre sur les mots. Nous parlons ici de la hanche comme « articulation » et non pas comme zone morphologique. Chacun connaît le « tour de hanches », cette mesure centimétrique qui se prend en faisant le tour du bassin. On parle là de morphologie.

Par contre, pour parler de l’importance des hanches dans le swing on parle « anatomie ». C’est-à-dire schématiquement, de la hanche comme jonction entre les os du bassin et celui de la cuisse, le fémur.

Cette précision est importante car, sur les practices ou dans certaines vidéos, il n’est pas rare que le mot « hanches » soit utilisé pour parler du bassin, voire de repères osseux morphologiques, les fameuses épines iliaques antéro-supérieures.

Un mouvement complexe

L’articulation de la hanche bouge autour de mouvements que l’on appelle des degrés de liberté : flexion et extension, abduction et adduction (écartement ou rapprochement du membre inférieur de l’axe médial du corps) et bien entendu les rotations. À cette liste, il ne faut pas oublier d’ajouter la circumduction, ce mouvement global qui associe tous les autres.

Sachant cela, voir l’importance de la hanche au cours du swing sous l’angle uniquement des rotations est d’ailleurs beaucoup trop réducteur. Au cours du swing, les deux hanches ne se contentent pas de « tourner » mais ont un mouvement bien plus complexe.

On y reviendra.

Une confusion de terme n’est pas sans conséquence

Cette confusion entre « hanche » et « bassin » ne pourrait n’être qu’une affaire de spécialistes, si elle ne risquait pas d’induire chez les golfeuses et les golfeurs, une mauvaise appréciation de leur schéma corporel et du ressenti de leur swing. 

La perception de son schéma corporel est la base d’un swing performant. Comment pourrait-on envisager de faire un swing efficace sans d’abord prendre le temps de ressentir la place que l’on occupe, de percevoir chaque partie de son corps et mettre en lien toutes les parties de son corps ?

Un feeling qui est, à la fois, un gage de performance et d’un moindre risque de blessures. Faire la différence entre « ses hanches » et « son bassin » est donc essentiel d’autant que, mécaniquement, faire « tourner » son bassin implique un mouvement des hanches, mais pas l’inverse. 

On peut bouger ses hanches sans faire bouger le bassin. Ce n’est pas un détail et cela change pas mal de choses dans la perception et la qualité du mouvement golfique.

Du coup, si on en reste à cette approximation, cela risque de poser des problèmes dans l’analyse et la correction de certains « défauts » du swing. Là encore, nous allons y revenir.

Les hanches et le swing

Placées à la croisée du tronc et des membres inférieurs, les hanches tiennent une place essentielle dans l’équilibre général du corps. Supportant le poids de la partie supérieure du corps, éléments moteurs de la marche, relais privilégiés des forces transmises depuis le sol vers le haut du corps, leur fonctionnement dépend de paramètres aussi différents que la forme anatomique que leur a donnée la croissance, la tonicité et l'élasticité des muscles qui les croisent, le bon fonctionnement des viscères ou encore celui de la digestion.

Vos hanches sont les pivots et des facteurs-clés
de votre performance golfique.

Chestam golf woman swing

Rien d’étonnant qu’elles soient aussi un des pivots et des facteurs-clés de votre performance golfique étant impliquées à chaque étape du swing : position de votre bassin et de vos lombaires à l’address, amplitude et vitesse de votre mouvement, types et niveaux de pression imposés à vos disques intervertébraux, etc, etc.

Causes et conséquences

Quand tout marche bien, il est vrai que l’on se pose pas de question sur le fonctionnement de nos hanches. Pourtant, elles auraient de quoi se plaindre des heures en position assise au bureau ou en voiture que nous leur imposons et qui ont tendance à les enraidir. On devrait s’en occuper quelques minutes avec, par exemple, les étirements matinaux, proposés dans une des vidéos de Chestam.

Cette attention que devrions tous porter au bon fonctionnement de nos hanches est d’autant plus nécessaire si on joue au golf.

En effet, la plupart du temps, un déficit, même assez minime, de liberté de mobilité des hanches peut avoir des conséquences aussi désagréables qu’inattendues.

Répercussions immédiates

Les raisons d’un déficit de mobilité au niveau des hanches peuvent être très diverses : troubles de la croissance ayant modifiés la forme générale de l’articulation, usure normale ou exagérée des cartilages (arthrose), perte de substance osseuse (ostéoporose), un problème à ne pas négliger qui affecte surtout les femmes, tensions viscérales, etc.

Quel qu’en soit la raison, si une de vos hanches, voire les deux, ne bougent pas bien, cela entraîne des compensations qui ont un impact direct sur votre swing.

Chestam golf old woman

Ces dysfonctionnement de hanches sont donc une des causes souvent méconnues, mais bien réelles, de l’installation de compensations et de mouvements parasites vus comme des « défauts techniques » au cours du swing. C’est aussi pourquoi, malgré les conseils donnés et la bonne volonté des joueuses ou des joueurs, il est difficile de les corriger.

On pourrait sans doute dire la même chose de la plupart des articulations de notre corps mais la position des hanches, leurs influence dans le mouvement et dans la transmission des forces durant le swing leur donnent une importance toute particulière.

X factor

Les risques de compensation

Le swing est, par essence, un mouvement en rotation qui met en jeu toutes les parties du corps pour permettre ces rotations dans des amplitudes dépassant largement celles que nous utilisons dans la vie quotidienne.

Les amplitudes de rotation offertes par la colonne vertébrale ne sont pas suffisantes pour assurer un plein swing. Sans rentrer dans les détails, cela s’explique par sa conformation anatomique, en particulier au niveau lombaire. Le corps a donc besoin de trouver d’autres moyens de tourner et pour cela il va associer le bassin, les genoux, les chevilles, etc.

Dans ce "mixe rotatoire", les hanches « articulations » sont largement mises à contribution. C’est pourquoi, la moindre perte de liberté de mouvement, structurelle ou acquise, a logiquement des conséquences sur la stagnation ou la perte de performances golfiques. Un exemple avec la vitesse de montée.

Un exemple avec la vitesse du backswing.

Partons de l’hypothèse que les rotations de vos hanches soient un peu limitées, quel qu’en soit la raison et sans que vous en ayez vraiment conscience. Difficile dans ces conditions d’avoir une amplitude de montée suffisante pour réaliser un plein swing.

Pour atteindre malgré tout le top backswing, instinctivement, il vous est possible de jouer encore plus sur l’élasticité des parties molles de votre corps (fascias, muscles, etc.) et pour cela il est nécessaire d’augmenter la vitesse de la montée : plus de vitesse, plus d’élan, donc plus d’amplitude.

À n’en pas douter, cette stratégie d’adaptation intuitive risque d’affecter votre qualité de toucher de balle et la régularité de votre swing. Si de l’extérieur, cette vitesse excessive à la montée peut être vue comme un « défaut » à corriger, ce n’est pourtant que la partie visible de l’iceberg. 

Et si la correction de ce « problème technique » est possible, il y a fort à parier que le corps trouvera une autre manière de compenser.

L’éternel cercle des causes et des conséquences…

La survenue de douleurs lombaires.

Beaucoup de nos gestes de tous les jours mettent notre colonne sous pression ne serait-ce que la position assise à un bureau ou en voiture, souvent tenue durant des heures. Cette pression s’exerce surtout au niveau des derniers étages de la colonne vertébrale et peut aller de 1 à 4 fois le poids de notre propre corps, sans que nous en ayons vraiment conscience. 

Vous le savez, au milieu du downswing, le disque placé entre votre cinquième lombaire (la plus bas située) et votre sacrum encaisse au moins 6 fois le poids de votre corps.

Je vous laisse faire le calcul !

Pressions, rotations, cisaillement, toutes ces contraintes sur nos structures anatomiques lombaires sont par ailleurs d’autant plus importantes que la partie thoracique de la colonne vertébrale est elle-même trop raide et que le diaphragme n’est pas assez mobile.

Pour le moment restons sur l’influence des hanches dans ce processus, mais nous reviendrons prochainement sur ce point précis dans un prochain dossier et pour ne pas le rater n"hésitez pas à vous inscrire à la newsletter Chestam.

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Vertebra

Moins les hanches sont disponibles pour accompagner les amplitudes de rotation de la colonne vertébrale durant le swing et plus la pression sur les disques intervertébraux augmente et risque de provoquer des douleurs lombaires.

Ces douleurs peuvent survenir de façon brutale ou progressivement. Elles affectent la qualité de jeu mais gâche aussi le plaisir de jouer, car elles peuvent être à ce point prégnantes qu’elles peuvent obliger les personnes qui en sont victimes à arrêter de golfer.

Ce lien entre pratique du golf et douleurs lombaires peut alors être fait si on ne regarde pas le problème dans sa globalité. Ainsi, l’étude, menée par M. Murray et son équipe en 2009, démontre la corrélation statistiquement significative, entre la survenue de douleurs lombaires brusques ou chroniques au cours du swing et la limitation des rotations de la hanche droite.

Prévention

La pratique du golf ne pas être incriminée de prime abord lors de la survenue de douleurs au niveau du dos.

Il faut, entre autres, s’assurer que les articulations des hanches aient une liberté de mouvements suffisantes.

Si on pousse la logique, on comprend aussi tout l’intérêt d'entretenir régulièrement la mobilité des hanches.

La prévention est toujours la meilleure façon de soigner !

Nécessaire complémentarité

Un swing peu performant et irrégulier n’est pas forcément dû à des hanches un peu raides et récalcitrantes. Par contre, il y a des chances que l’inverse soit vrai. 

Évaluer de manière précise la mobilité réelle des hanches est une affaire de professionnel(le)s de santé. Par contre, le regard croisé, entre les Pros de golf et de santé est essentiel pour le plus grand bénéfice des joueuses et des joueurs.

Détecter ensemble les causes réelles de « défauts » constatés au practice ou sur un parcours est d’autant plus efficace si cette complémentarité est en place.

Pros pros

Consulter en cas de doute 

Dans tous les cas, si vous avez un doute, ou si vous voulez vérifier la bonne mobilité de vos hanches, le meilleur conseil est de consulter (médecin, kinésithérapeute ou ostéopathe). Cet examen rapide vous donnera l’occasion de constater par vous-même que tester la mobilité d’une hanche se fait avec un bassin fixe. CQFD.

Prévenir !

Quel que soit votre âge et votre niveau de jeu, une préparation physique spécifique, intégrant un travail ciblé sur les hanches, reste un excellent moyen de prévention. 

Entretenir votre forme en général et la mobilité de vos hanches en particulier, peut même être le moyen d’améliorer vos performances.

 

Philippe Chéoux

Kinésithérapeute & Ostéopathe DO

CEO Chestam.com

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