DOSSIER BIOMÉCANIQUE

le X-FACTOR et votre swing

 

 

X-Factor ?

Non, je ne vais pas vous parler d’un film de science-fiction…

Je vous parle bien de golf, de santé et de performance sur Golf Planète. Le X-Factor est un outil d’évaluation, un paramètre popularisé par Jim McLean* au début des années 90. Ce paramètre est une valeur angulaire qui quantifie la torsion entre la ceinture scapulaire (épaules) et la ceinture pelvienne (bassin), pendant le backswing.  

En clair, il faut visualiser deux lignes. L’une passe par les deux épaules et l’autre par le bassin. Plus précisément par les deux pointes que l’on ressent de chaque côté en avant du bassin.

Image illustration golf plane te 1

Que mesure le X factor ?

Quand on regarde un golfeur à l’adress, il est facile de constater que ces deux lignes sont à peu près parallèles. Au fur et à mesure de la montée, elles vont s’orienter différemment. Chez un droitier, l’épaule droite recule pendant que l’épaule gauche avance dans un mouvement beaucoup plus ample que le mouvement observé au niveau du bassin. Cette différence de position entre les deux lignes dessine un « x » dont les deux branches forment un angle : le X-Factor. En gros, plus vous augmentez la torsion de votre tronc et plus le X-Factor augmente. La valeur du X-Factor atteint sa valeur maximale autour du top-backswing.

La relation X-Factor et performance

La question que plusieurs équipes de chercheurs se sont posé est la suivante : Si on prend la distance parcourue comme un critère de performance, y a-t-il une corrélation entre cette distance et la valeur du X-Factor ? Autrement dit est-ce que plus j’augmente la torsion de mon tronc au cours du backswing, plus ma balle ira loin ? 

La réponse à cette question est plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord. 

En effet, même si on peut dire qu’il y a autant de types de swing que de joueuses et de joueurs de golf, la recherche d’un top-backswing très haut situé est fréquemment observée. Une quasi-constante qui est d’une certaine façon logique, voire intuitive. On peut penser que plus on prend d’élan, plus le coup sera puissant, donc plus la balle ira loin. En d’autres termes, augmenter le X-Factor augmenterait la distance parcourue par la balle. Sauf que les études menées ne dégagent pas un franc consensus sur le sujet.

Même si les différences de méthodologie des études biomécaniques du swing rendent difficiles les comparaisons et laissent apparaître parfois quelques biais, il semble que chercher à augmenter, au-delà d’un geste naturel, la torsion de son tronc (ce qui revient à augmenter la valeur du X-factor) ne présente pas une balance avantages-risques favorable.

Si effectivement gagner quelques degrés de backswing donne à la tête du club une vitesse supérieure d’environ 2 mètres par seconde à l’impact sur la balle, le gain en distance ne sera en moyenne que d’une dizaine de mètres. Un avantage somme toute minime si on considère que, dans le même temps, la maîtrise du plan de swing sera plus difficile et risquera de diminuer la précision du geste.

Mais surtout, et c’est le sujet qui nous intéresse chez Chestam, la recherche de cette augmentation de la torsion du tronc peut entraîner (ou révéler) des lésions anatomiques, en particulier au niveau des lombaires. 

Variations du X-Factor

L'échauffement

Il semble que l’échauffement n’ait pas une réelle influence sur la valeur du X-factor. On peut donc faire l’hypothèse que sa valeur maximale dépend de facteurs anatomiques et mécaniques individuels comme la butée naturelles des articulations, en particulier lombaires. La mise en tension des parties molles (muscles, tendons, etc.) n’ayant finalement que peu d’impact sur la dissociation épaules/bassin. Cela reste à vérifier.

La différence femme / homme

Il apparaît aussi que la valeur moyenne du X-Factor est différente entre les femmes et les hommes. Différentes études** ont montré que les femmes présentaient globalement un X-factor plus faible que celui des hommes. Cette différence peut sans doute s’expliquer par la plus grande souplesse en rotation des hanches, par elles-mêmes, chez les femmes que chez les hommes. Comme leurs hanches « tournent » plus facilement, leur bassin dans son ensemble accompagne plus le mouvement de torsion du tronc au cours du backswing. De ce fait, la différence d’angle entre les épaules et le bassin est plus réduite. Cette hypothèse demanderait à être évaluée de manière précise.

X-FACTOR : la différence entre les Pros et les amateurs

Les chercheurs ont aussi cherché à savoir s’il y avait une différence entre les professionnels et les amateurs. Je n’ai pas trouvé dans la littérature si ces études avaient différencié les hommes et les femmes, mais globalement les chiffres retiennent un X-Factor un peu plus important chez les professionnels par rapport aux amateurs. La dissociation épaules / bassin serait d’une dizaine de pour-cents plus importante chez les professionnels.

Plusieurs explications viennent à l’esprit et, en particulier, le fait que les Pros ont souvent commencé le golf très jeunes alors que leur croissance n’était pas terminée. On peut penser que la morphologie de leurs vertèbres lombaires aurait pu ainsi être influencée  et même modelée par la pratique du golf. Mais si cette hypothèse était confirmée, on pourrait aussi mettre cette donnée en relation avec le fait que les douleurs lombaires sont une des principales raisons de l’arrêt du golf pour les joueurs de haut niveau. Une potentielle relation de cause à effet pourrait nous amener à réfléchir sur l’entraînement des plus jeunes. La discussion est ouverte.

 

Chestam golf back swing x factor

Valeur maximale du X-Factor 

Une valeur élevée du X-factor indique donc une forte dissociation épaules/bassin au cours du backswing. Nous avons vu que, par définition, sa valeur maximale se trouvait au top-backswing. Mais ce n’est peut-être pas tout à fait exact. 

En effet, juste au moment où l’on déclenche le downswing, les hanches engagent un mouvement vers l’objectif alors même que la montée gagne encore quelques degrés. Au cours de cette fraction de seconde, le X-Factor augmente en valeur absolue. Ph. Cheetham parle de X-Factor Strech***.

C’est aussi l’instant où, alors que l’accumulation des tensions élastiques des muscles, tendons et autres structures anatomiques est maximale, nous demandons à notre tronc de faire une dérotation brusque avec une accélération rapide du mouvement. Ah ! La biomécanique du golf ! Un vrai bonheur !!!

Pour résumer

Plus la dissociation épaules/bassin est importante et plus le X-Factor est important. Cela entraîne en théorie :

  • - Que la tête du club aura plus de chemin à faire du top-backswing à l’impact sur la balle, 
  • - Que la durée du downswing sera plus longue, laissant plus de temps pour donner plus de vitesse à la tête de club,
  • - Que la mise en tension élastique des muscles et des autres structures anatomiques sera plus importante, favorisant l’effet ressort,
  • - Que  la vitesse de déplacement de la tête du club sera importante à l’impact,

le tout entraînant une plus grande puissance appliquée sur La Petite Balle Blanche qui, toujours en théorie, pourra parcourir une plus grande distance. 

 

Mais avant de conseiller à une joueuse ou à un joueur de tout faire pour augmenter « son X-Factor », il faut sans doute y réfléchir à deux fois et bien replacer les choses dans le contexte de chacune et de chacun.

Chez les plus jeunes, dont la souplesse permet naturellement d’atteindre des valeurs élevées de X-Factor, il semble essentiel de bien canaliser et contrôler la recherche de cette amplitude sur des corps qui sont encore en croissance et dont les structures pourraient être endommagées durablement.

Chez le joueur adulte, faire en sorte d’augmenter l’angle d’X-factor offre, on l’a vu, une balance avantages-risques assez peu favorable. Entre un gain moyen d’une dizaine de mètres et l’augmentation des risques de lésions vertébrales, le choix semble assez évident.

Chez les seniors, le jeu ne me semble carrément pas en valoir la chandelle et on comprend bien pourquoi.

 

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Les études biomécaniques et les facteurs d’évaluation sont très utiles pour comprendre les besoins spécifiques du swing et concevoir la meilleure préparation physique, comme nous essayons de le faire chez Chestam.

Cela nous amène à vous donner trois conseils.

Trois conseils pour terminer ce dossier

Il est nécessaire de garder à votre swing son mouvement naturel, fluide et sans forcer. Pour cela, entretenir et améliorer sa souplesse articulaire en particulier au niveau de votre dos est fondamental pour améliorer vos performances, l’absorption des contraintes mécaniques et votre protection des risques de blessures.

Ne pas oublier le travail des épaules dans sa préparation physique. La participation  des épaules dans la mobilité totale de la ceinture scapulaire est évaluée autour de 40%, ce qui est considérable. Il est donc essentiel d’intégrer des exercices spécifiques pour renforcer la mobilité et la stabilité de vos épaules.

L’échauffement sans club puis avec club est et reste indispensable. Au practice, il est important d’augmenter progressivement votre X-Factor en travaillant à 30, puis 60 et 90 % de sa valeur maximale en utilisant des fers, puis des bois et, pour terminer, votre driver.

 

Chestam contribue à la recherche en biomécanique du golf et la relation Golf-Santé.

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Dossier sous la direction de Philippe Chéoux | Kinésithérapeute & Ostéopathe DO

Également publié sur Golf Planète

 

Références 

Scott L. Delp & al. Transaction on bio-medical engineering. 2007

Jim McLean Golf Schools - 1992. Widen the gap. Golf magazine.

** S.A. Horan& Al. Thorax and pelvis kinematics during the downswing of male and female skilled golfers. Journal of biomecanics. 2010.

*** Phillip J. Cheetham & al. The importance of stretching the « X-Factor » in the downswing of golf. 2001

C.Joyce. Journal of sports sciences. 2016

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