« J’ai pris un cours avec un(e) autre pro et rien ne va plus »…

Combien de fois ai-je entendu cette phrase prononcée par mes patientes ou patients ! Généralement ces mots sont prononcés en consultation avec un ton un peu désespéré. Non seulement ils me disent que leurs balles partent un peu n’importe où… Mais en plus, ils ressentent fréquemment une gêne, un déséquilibre ou même une douleur. Dans ce cas, le coupable est vite trouvé car ils attribuent directement leur problème au cours ou au stage qu’ils ont suivi avec un « autre » Pro.

Avoir la sensation de « ne plus toucher une balle » est extrêmement frustrant pour une joueuse ou un joueur, quel que soit son niveau. Le stress qui en découle impose de commencer le soin par des paroles rassurantes.

Pour cela, il n’est pas inutile de lui rappeler que la perception de son schéma corporel et la maîtrise de ses mouvements ne sont pas gravées dans le marbre.

Au fil du temps, la qualité de toucher de balle et la gestion de son plan de swing changent et évoluent.

Donc, même si c’est perturbant, le fait d’accepter de bouger ses repères peut être une étape essentielle de progression.

Voilà qui offre déjà une première perspective rassurante de solution. Si le message passe bien, c’est bon pour le moral et cela facilite souvent la résolution du problème physique qui était le motif de la consultation.

Pascale Vanden Eynde

Pour en avoir le cœur net, je suis donc allé interroger une spécialiste, Pascale Vanden Eynde, Pro PGA depuis 1987 et qui, en parallèle, est devenue sophrologue en 2017.

Son parcours professionnel et son approche des problématiques « golf & mental » me semblaient complémentaires de mon travail en ostéopathie pour une approche globale de la performance golfique.

Interview.

Pascale Vanden Eynde, vous enseignez la pratique du golf depuis plus de 25 ans. Comment réagissez-vous quand vous voyez un joueur ou une joueuse désorienté(e) de la sorte ?

C’est une situation qui n’est pas rare. Avant toute chose, cela demande de la part de l’enseignant qui entend cette plainte une écoute bienveillante, calme et surtout sans porter aucun jugement. Il faut ensuite prendre le temps de comprendre et d’apprécier l’état d’esprit du joueur par rapport à ces changements techniques ressentis. Ce sont deux temps indispensables pour lui apporter des réponses précises et rassurantes.

En pratique, je commence la séance en l’observant taper quelques balles pour apprécier la réalité du problème. Si je vois qu’il ne frappe vraiment pas une balle, je tente de trouver le moyen de ramener le joueur dans sa zone de confort. On va donc travailler ses points forts habituels. Chipping, putting, bunker, bois ou fers, peu importe. L’idée est d’analyser ses réactions, d’évaluer son niveau de stress et d’identifier à quel niveau se situent les perturbations de son geste. Son comportement et ses paroles seront d’excellents marqueurs de sa perte de confiance mais aussi de sa frustration.

Parfois, il préfère tout simplement aller prendre un verre et pourquoi pas ! C’est aussi un excellent moyen pour lui donner le temps et l’espace de s’exprimer d’une autre manière que devant cette balle de golf. C’est aussi un bon moment pour faire baisser le poids et l’impact du mental et l’ego… Il est donc inutile de rester braqué sur la technique. La force de l’enseignant et du coach est d’être capable de trouver des moyens simples de lever les obstacles.

On a gagné la partie quand l’élève quitte cette leçon plus content et confiant qu’en arrivant !

Un stage ou un cours avec un Pro qui propose une approche différente du swing peuvent-ils durablement modifier la qualité de jeu d’une personne ?

Je pense qu’un stage ou un coaching ponctuel ne peut déstabiliser le jeu d’une personne qu’à court terme. Le rôle du coach est ici fondamental pour entourer et accompagner le joueur.

Si l’accompagnement et les conseils du Pro sont judicieux, le joueur peut sortir de cette période difficile plus fort techniquement et moralement. Au pire, si ce n’est pas le cas, il aura toutes les chances de retrouver son niveau antérieur.

En 2017, vous avez complété votre formation de Pro PGA en devenant sophrologue. Qu’est-ce que cette formation vous a apporté dans votre approche de l’enseignement du golf ?

Personnellement cette formation de sophrologue m’a apporté une bien meilleure connaissance de mon corps et de moi-même. J’ai acquis un bien meilleur contrôle de mon tonus musculaire et augmenté ma capacité de relâchement.

La sophrologie m’a permis de construire mes routines mentales de façon beaucoup mieux ancrée et d’accéder à une bien plus grande fluidité physique et mentale. J’aborde donc mon jeu avec plus de confiance, ce qui se traduit par une grande régularité et forcément de meilleurs scores.

Si cette approche a modifié ma façon de jouer, elle a aussi changé ma manière d’enseigner. Aujourd’hui j’aborde mes cours et mes élèves différemment. La sophrologie m’a permis de renforcer ma capacité à transmettre des conseils de jeu qui vont bien au-delà de la technique golfique pure. La complémentarité coaching golf et sophrologie est d’ailleurs très appréciée par mes élèves.

Témoignage

William T.

Luxembourg

"Le golf est très exigeant d’un point de vue technique. Le travail avec Pascale m’a cependant fait comprendre que le mental et le ressenti étaient d’autres éléments très importants dans la pratique du golf. Mon approche de la pratique du golf a donc considérablement changé avec ce travail, car je donne aujourd’hui plus d’importance à la recherche d’axes d’amélioration de mes sensations au golf. Avec les techniques enseignées, j’ai surtout appris à jouer avec plus de relâchement et ainsi gagner en fluidité."

Dans le cas concret d’une personne dont les repères ont été bousculés par un changement d’enseignant, comment le travail sur le mental peut-il l’aider à retrouver son jeu ?

Encore une fois c’est par l’écoute et l’observation que je vais lui permettre de retrouver ses fondamentaux et sa confiance. Le travail sur le mental passera par la recherche d’ancrages et de ressenti. Les exercices de visualisation réaliste et positive de ses mouvements et de ses capacités sont également essentiels.

Dans ces moments compliqués pour un joueur, il est important de dédramatiser la situation et de l’aider à sortir de la notion de performance en l’aidant à lâcher prise pour d’abord retrouver le plaisir du jeu.

D’ailleurs, est-il opportun pour un joueur de sortir de sa zone de confort et d’expérimenter une autre façon de jouer avec un autre enseignant ?

Oui, si un joueur ressent que son jeu ne progresse pas ou plus assez, il peut être intéressant pour lui de rencontrer un autre enseignant qui lui convienne. Celui-ci devra le faire sortir de sa zone de confort et de ses habitudes. Cela se traduira souvent par une période de régression de son niveau de jeu. Si le joueur accepte ce challenge, ce qui n’est pas toujours évident, le nouveau couple « joueur-enseignant » va mettre en place un travail physique et mental constructif et les progrès arriveront progressivement.

Bousculer nos repères et revenir sur nos acquis golfiques permet-il réellement de progresser ?

Oui bien sûr, mais vous savez, le cerveau n’aime pas le changement et il revient toujours sur ce qu’il connaît ! Donc tout dépendra des bases mentales et techniques acquises au début. Mais effectivement, si on prend le temps et que l’on a la motivation d’accepter de sortir de sa zone de confort, bousculer ses repères permet souvent de progresser.

Et le naturel ne revient pas au galop ?

Non. Si les routines mentales de visualisation technique du swing ont bien été travaillées et qu'elles sont bien imprimées dans l’inconscient, le naturel des fautes du passé ne devrait pas revenir. Le progrès sera bien réel mais il faut travailler et se faire confiance.

C’est en cela que les techniques de sophrologie et de relaxation trouvent toute leur pertinence et leur intérêt. Si ces techniques sont introduites dès l’apprentissage initial du golf et utilisées tout au long de la progression, le joueur acquiert la capacité de gérer ses émotions, son stress et ses pensées.

Il construit des routines positives et met en place une très bonne gestion de ses mouvements. Ces techniques sont d’ailleurs aussi accessibles et profitables pour les joueurs et les joueuses confirmés.

En conclusion, quels conseils donneriez-vous à une personne qui, après un cours ou un stage différent, se dit qu’elle a perdu « son » swing ?

La première chose est de ne surtout pas paniquer et de s’adresser à un professionnel. L’essentiel pour le joueur est de retrouver la confiance dans ses capacités. Il faut donc se poser et avoir une approche calme et rassurante du problème.

Pour cela, il est inutile de taper mille balles sur un practice ! Dans un premier temps, faire un travail mental au chaud sur son canapé est bien plus efficace. L’utilisation des techniques de relaxation, de respiration et de gestion des émotions permet de faire tomber le stress et de retrouver une forme de confiance en soi.

Puis dans un second temps, il sera nécessaire de travailler au practice, toujours en utilisant la sophrologie. Là aussi, grâce à la relaxation et à la visualisation, le joueur va déprogrammer les pensées qui parasitent autant son esprit que son corps.

Il reste ensuite à  reprogrammer les bons mouvements techniques et retrouver le plaisir de jouer.

Un objectif raisonnablement atteignable en 3 à 4 semaines.

Merci à Pascale pour ces conseils.

Vous pouvez contacter directement Pascale au +352 691 288 100 ou par email à l’adresse pascalevde@hotmail.fr.

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